Crainte de Dieu et avoir peur de Dieu

Dans les dons de l’Esprit Saint que nous recevons à notre Baptême et bien plus encore au jour de notre confirmation, nous recevons le Don de la Crainte de Dieu. Celui-ci peut poser question puisqu’il le terme de crainte de Dieu peut être interprété comme une peur maladive du Seigneur.

Lorsque nous parlons de la crainte de Dieu, il ne faut donc pas le voir de manière négative mais plutôt de le voir en tant que don qui nous donne une relation encore plus forte avec Dieu. La crainte de Dieu c’est en fait reconnaitre que nous sommes ses enfants. Prenons donc cet exemple de l’enfant : celui-ci a des parents qui le nourrisse, qui l’éduque, bref. Ils font tout pour lui. Cet enfant, de son côté va aimer ses parents, il sait que sans eux il ne peut pas être heureux puisqu’ils sont ceux qui lui donnent de l’amour et qui ne le laisseront jamais tombé. C’est pourquoi, lorsque cet enfant fera une bêtise, il vivra dans la crainte : « que va penser Papa ou Maman ? » « Je vais me faire fâcher pour ce que j’ai fait… ». Et cet enfant va donc craindre la réaction de ses parents, parce qu’ils vont condamner son acte (sévèrement ou non).

Et bien, dans tout cela, il en est de même pour nous avec Dieu : nous nous reconnaissons pécheurs devant lui et notre seule crainte devrait être celle de rompre un lien avec lui : « Qu’est ce que Dieu va penser de moi ? ». C’est pourquoi, en tant que croyant, nous voulons rétablir ce lien avec lui, comme l’enfant rétablit le lien avec ses parents lorsqu’il a fait une bêtise. Ce lien se rétablit par la prière et par une demande de pardon claire au Seigneur : le sacrement de la réconciliation. Au-dessus, nous disions que les parents, lorsqu’ils vont apprendre la bêtise de leur enfant, ils vont condamner son acte. En effet, lorsqu’un enfant fait quelque chose de mal, ses parents ne vont pas l’enfermer dans ce qui est un acte simple. On ne condamnera pas la personne de l’enfant mais bien l’action mauvaise qu’il a faite. Ceci est pareil avec le Seigneur, lorsque nous nous éloignons de lui, il ne veut pas notre perte, il ne cherche pas à nous faire tomber par nos actes, mais il veut nous offrir sa miséricorde !

C’est alors que nous en venons à l’Evangile de ce lundi de la cinquième semaine de carême et à ces mots tout simples que le Seigneur nous donne : « Moi non plus je ne te condamne pas » et « Va, et ne pèche plus ». Il se trouve dans une situation où il scandalise tout le monde, une femme est emmenée devant lui et celle-ci doit être lapidée, et Jésus ne va rien faire pour l’accuser. Cette femme doit être lapidée parce que selon la loi, elle doit mourir car elle a brisé le lien qu’elle a avec son mari – celle-ci l’a trompé – et donc, elle mérite la mort. La loi condamne la personne, lui, il va remettre ces personnes face à leurs vérités : « que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ». Par ces mots, Jésus ne dit pas que cette femme est sans péché – lui-même sait qu’elle n’a pas fait quelque chose de bien – mais il rappelle que tout ceux qui sont face à lui et qui veulent la mort de cette femme devraient regarder leur propre cœur. Le Seigneur nous montre donc qu’avant d’aller condamner celui qui ne fait pas comme il faut, il faudrait voir en nous même ce qui ne va pas… Comme il est dur de ne pas condamner les autres, de ne pas se laisser convertir par le bien qui nous est fait !

« Moi non plus, je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus » tels sont les paroles que le Seigneur nous fait à chaque fois que nous sommes écrasés par nos péchés et que nous venons les lui confier pour qu’il nous lave. Tels sont les mots qu’il nous donnent dans le sacrement de la réconciliation : il n’y a pas de jugement mais la miséricorde ! et de la part de celui qui vient vers le Seigneur pour demander pardon, il y a un désir de ne plus recommencer ce qui nous a fait du mal… quelle chance nous avons d’avoir ce magnifique sacrement de la réconciliation : pouvoir dire à un intermédiaire ce qui nous fait du mal (ce qui nous éloigne du Seigneur) sans se sentir jugé mais plutôt aidé (dans le dialogue, on reçoit des conseils) puis recevoir de la part du Seigneur cette parole magnifique : « Je ne te juge pas, je t’offre ma Miséricorde ». bien sûr, lorsque nous disons que nous ne voulons plus tomber dans tel ou tel péché, ceci ne va pas sans la grâce que le Seigneur nous donne. Lorsque nous recevons le sacrement de la réconciliation, nous pouvons nous sentir comme cette femme adultère, d’abord loin de Dieu parce que nous savons que nous nous sommes éloignés de lui, puis, vient le moment de la reconnaissance du péché, et c’est là que le Seigneur ne nous jugera pas, mais il nous aidera à lutter contre : « ne pèche plus ». Nous nous savons pécheurs, pardonnés relevés par le Seigneur ! quoique nous soyons, le Seigneur nous pardonne et il nous demande qu’une seule chose : ne pas recommencer ! et pour ne pas recommencer, il nous donne sa grâce.

C’est alors que nous revenons à la crainte de Dieu… Celle-ci n’est donc pas la peur de Dieu mais plutôt le désir de ne jamais nous éloigner de lui et l’Esprit Saint nous aide à ne pas nous éloigner de cette belle route vers l’éternité ! Demandons donc au Seigneur, durant ce temps où, malheureusement nous sommes privés des sacrements pour des raisons nécessaires, que nous puissions recevoir les grâces qu’ils produisent et que nous puissions redécouvrir la joie qu’ils nous donnent lorsque nous les recevons ! si avant les fêtes de Pâques, nous avons besoin de recevoir le Pardon du Seigneur, alors, en l’absence de ce beau sacrement de la réconciliation et dans l’Espérance de le recevoir dès que possible, nous pouvons faire ce petit temps personnellement :

Commencer par dire dans son cœur le « Je confesse à Dieu ». Ensuite, prendre le temps de nous souvenir de nos péchés, dire au Seigneur combien ils nous pèsent et combien nous avons besoin de sa Miséricorde. Lui dire aussi qu’en recevant son pardon, nous promettons que nous irons recevoir le Sacrement de la Réconciliation dès qu’il sera possible de le recevoir. Et enfin terminer par cette belle prière que nous appelons « Acte de Contrition » :

Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que vous êtes infiniment bon et que le péché vous déplaît.
Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence.

P. Benoit