La divine miséricorde.

Méditation sur la Parole de Dieu du 2ème dimanche de Pâques
La divine miséricorde.

Chers frères et sœurs, chers ami(e)s,

En ce 2ème dimanche de Pâques, l’Église nous invite à tourner notre regard vers le mystère de la «divine miséricorde». C’est aussi le dimanche où l’on fait mémoire de Thomas qui passe de la « non foi » à la foi. Nous sommes encore dans la lumière de Pâques. Et le texte de l’Évangile de St Jean (Jn. 20, 19-31) proposé se passe le soir du jour de Pâques.

Pourquoi le dimanche de « la divine miséricorde » ? Alors que parmi les textes de ce jour, seule la seconde lecture, la lettre de saint Pierre nous en parle explicitement. Elle nous invite à louer Dieu qui, « dans sa grande miséricorde… nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus pour une vivante espérance ». Ceci dit en y regardant de plus près, nous voyons bien que cette miséricorde divine transparaît également dans les autres textes bibliques de ce dimanche.
Dans la mesure où toute la liturgie de la Parole prolonge la bonne nouvelle de la résurrection par l’amour miséricordieux du Père.

En effet, après les événements tragiques entraînant la mort de Jésus, la culpabilité hante encore ses disciples. La peur les tenaille. Peur de subir le même sort que leur Maître. Ils cherchent alors à se mettre à l’abri, loin de la foule. « Le premier jour de la semaine, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs», nous dit l’Évangile. Les disciples dans la peur se sont enfermés. Ils ont peur des juifs, sous entendu de ceux parmi les juifs qui ont fait condamner Jésus à mort.

Cette situation des disciples peut nous rejoindre dans ce que nous vivons aujourd’hui. Nous qui faisons l’expérience du confinement imposée par le coronavirus. Nous aussi enfermés dans nos maisons, dans nos appartements sommes peut-être, comme les disciples de Jésus, plongés dans le doute et la peur. Peut-être pas dans les mêmes circonstances, mais toujours est-il que la peur de la mort est là…
Et le texte nous dit que Jésus se tient là au milieu d’eux. On ne dit pas qu’il a franchi la porte, comme un fantôme ; mais qu’il se tient là au milieu d’eux. Selon ce qui a été promis, lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom je suis là au milieu d’eux. Ils sont réunis en son nom, même s’ils ont peur ce soir de Pâques. Jésus ressuscité qui se tient au milieu d’eux, ce n’est pas sans rappeler l’arbre de vie qui était au milieu du jardin d’Éden (Gn. 2,9); c’est-à-dire la Vie proposée à tous, à égale distance de tous pour que tous puissent la contempler. Au milieu, c’est-à-dire tous pouvons y avoir accès, tous pouvons faire l’expérience de la miséricorde ou de l’Amour de Dieu.

Comme il l’a fait pour les apôtres puis pour Thomas, le Seigneur ressuscité nous rejoint dans nos enfermements et nos maisons. Le Christ nous rejoint nous aussi dans la solitude, la peur, le confinement et le silence de nos maisons , de nos appartements ; si nous osons les transformer en églises domestiques. C’est-à-dire que nos maisons soient des lieux de prière, où nous sommes réunis au nom de Jésus. Donc même seul chez soi, on peut être en communion avec d’autres par des liens spirituels et d’amour. J’en fais l’expérience en célébrant, d’une manière exceptionnelle, la messe seul dans mon presbytère, par mes intercessions et mes prières, je me sens en communion avec les peuple de Dieu.

Aussi, ce silence en cette période de confinement peut devenir un allié précieux pour nous aider à rentrer en nous-mêmes. Pour lui, toutes les barrières qui nous enferment ou nous séparent ne comptent pas. Il est toujours là, et il ne demande qu’à nous rejoindre au cœur de nos vies et de nos déroutes. Il reste Emmanuel, « Dieu avec nous ».
Nous avons vu que Thomas a eu beaucoup de mal à croire en cette bonne nouvelle. Pour lui, ce n’était pas possible. Il avait vu Jésus mort sur la croix et enfermé dans son tombeau. Il ne pouvait pas imaginer qu’il ressusciterait. Nous n’avons pas à sourire de son incrédulité. Si nous avions été à sa place, nous n’aurions pas fait mieux. Peut-être nous même comme Thomas en cette période de crise faisons l’expérience du doute, de l’incrédulité. Son prénom Thomas qui veut dire « jumeau », nous fait comprendre qu’il est « jumeau » de chacun de nous. Et donc Jésus nous invite, comme à Thomas, à faire le passage de la « non foi » à la foi.
Mais voilà que Jésus lui-même rejoint ses apôtres au cœur même de leurs doutes et de leur détresse.
Sa première parole est un message de paix. Cette paix, c’est la joie retrouvée, c’est la miséricorde et le pardon, c’est la réconciliation.
Car, lorsqu’il rejoint ses disciples, Jésus les salue en leur disant la « Paix soit avec vous ». Aucun reproche de la part de Jésus ressuscité ! Et pourtant, il avait toutes les raisons de leur faire des vifs reproches, de nous faire des reproches. Son regard de miséricorde ne les condamne pas, ne nous condamne pas non plus. Jésus vient leur offrir sa Paix pour qu’ils reprennent le chemin avec Lui : Aller répandre au monde entier son message de Paix et d’Amour. Cette Paix intérieure qui relève et qui redonne vie est aussi la nôtre ! Dans sa miséricorde, il nous refait sans cesse confiance et nous envoie en mission.
La boucle est bouclée, parce que ce qui avait été annoncé par les anges au jour de la naissance du Seigneur : « Paix sur la terre aux hommes qui l’aime » est parfaitement accompli avec la Résurrection de Jésus : la Paix est donnée au monde. La réconciliation avec Dieu qui est la seule source de la vraie paix est accomplie en Jésus-Christ.
C’est avec une joie immense que nous faisons l’expérience et découvrons la présence de Dieu au cœur de nos vies, au milieu de nous. Et quelle surprise d’entendre, comme les disciples, cette parole réconfortante pour nous aussi : « La paix soit avec vous ! » Voilà ce beau message de la divine miséricorde que nous sommes appelés à accueillir, à contempler et à annoncer au cœur de ce monde traversé par la crise sanitaire.

Nous aussi, comme nous le recommande Saint Pierre dans la 2ème lecture, en ce dimanche de la divine miséricorde, louons Dieu qui, « dans sa grande miséricorde… nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus pour une vivante espérance ». Jésus ressuscité vient réchauffer le cœur de ses disciples. Les voici remis debout et fortifiés, prêts à aller répandre sa Bonne Nouvelle au monde entier.
Nous aussi, venons puiser l’espérance et la Paix à sa Source pour la propager autour de nous ! « Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour ». Amen !

Père Claude MOUSSOLO
Curé de la Paroisse saint Hilaire en Bocage