Méditation sur la Parole de Dieu du 4 et 5 ème dimanche du Carême

Méditation sur la Parole de Dieu du 5ème dimanche du Carême-Année A

Première lecture (Ez 37, 12-14), Psaume (Ps 129 (130), 1-8), Deuxième lecture (Rm 8, 8-11), Évangile (Jn 11, 1-45)

 

Chers frères et sœurs, Chers ami(e)s,

Dans notre marche vers Pâques, en ce temps de Carême assez original, la Parole de Dieu d’il y a quinze jours, vous vous en souvenez, nous invitait à contempler le dialogue de Jésus avec la femme de Samarie (La Samaritaine) (3ème dimanche de carême). Dans lequel Jésus se révélait comme la source d’eau vive. Dans la méditation de la semaine dernière, nous entendions le dialogue de Jésus et de l’aveugle-né (4ème dimanche de carême). Jésus se manifestait alors comme la lumière du monde, comme la lumière véritable. Il nous invitait ainsi, face aux ténèbres, au mal et face à la souffrance à la foi ; à l’accueillir comme Lumière de notre foi, venue d’auprès du Père pour éclairer notre humanité.

Aujourd’hui, dans l’Évangile de ce 5ème dimanche de carême, la révélation culmine à son sommet dans ce dialogue avec Marthe et Marie et la sortie de Lazare du tombeau. Jésus se révèle à nous comme « la Résurrection et la Vie » (cf. Jn 11, 25). Et cette Bonne Nouvelle, il nous faut encore l’accueillir surtout en cette période douloureuse de la crise sanitaire où nous sommes poussés au confinement, parfois démunis devant la mort d’un être cher dans des conditions très difficiles, confrontés à des milliers de morts proches ou lointains.

Quand Jésus se présente comme « la Résurrection et la Vie », nous sommes tournés vers sa divinité ; mais ce qui est frappant dans ce passage de l’évangile selon saint Jean, c’est la manière dont sont étroitement mêlées la divinité de Jésus et son humanité. Dans ce passage, saint Jean nous montre que Jésus est pleinement homme et pleinement Dieu ; qu’il est vrai homme et vrai Dieu.

C’est ce que nous affirmons dans notre Profession de foi : « …Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles; il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré, non pas créé, de même nature que le Père, et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel; par l’Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et il monta au ciel; il est assis à la droite du Père. Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts; et son règne n’aura pas de fin…» (Cf. Credo de Nicée-Constantinople).

Cette humanité de Jésus transparaît, dans cet évangile, à travers l’amitié qu’il noue avec Marthe, Marie et Lazare. À plusieurs reprises l’évangéliste précise que Jésus les aimait (Cf. Jn. 11, 3.5.36). Il est même ému et bouleversé face à la mort de son ami Lazare. « Jésus pleura », nous dit l’évangile (Cf. Jn 11, 33.35).

Finalement, c’est en rejoignant notre humanité, en nous manifestant son amour, que Jésus se révèle à nous comme étant « la Résurrection et la Vie » ; c’est-à-dire, par amour pour nous, il a assumé notre humanité dans sa totalité jusqu’à la mort et la mort sur une croix. Et par sa résurrection, il a vaincu la mort.

Quelle révélation sur la nature et la puissance même de Dieu, manifestée en Jésus-Christ ! Autrement dit, celui qui pleure parce qu’il aime, qui pleure près d’un lit de mort, qui pleure sur la souffrance, C’est Jésus-Christ l’Homme-Dieu qui pleure en lui, qui pleure par lui. En Jésus, c’est Dieu qui pleure sur notre humanité. Un Dieu proche de chacun de nous et qui aime ce monde. Il est « Amour », comme le dit Saint Jean.

Si nous voulons comprendre quelque chose à cet évangile. Il nous faut désormais, prendre en compte toutes nos interrogations face à la souffrance et la mort.

En ce temps de grave crise, nous pouvons nous aussi, comme Marthe et Marie, dire à Jésus, ce Dieu, fait homme et qui nous aime : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Voilà une parole qui sonne comme un reproche et que nous pouvons nous aussi faire à Dieu face à ce qui peut paraître comme  son silence et son absence devant notre monde qui souffre. Nous vivons dans un monde qui souffre d’une pandémie du coronavirus, des angoisses et des peurs qui en découlent. Et nous nous posons la question : « où est-t-il notre Dieu ? que fait-t-il ? »

N’oublions pas, chers frères et sœurs, comme je le disais dans ma méditation du dimanche dernier, que ce cri de révolte, c’est déjà une prière. Notre Dieu c’est quelqu’un vers qui nous pouvons crier notre souffrance. Il n’est pas un Dieu lointain et absent auquel on cache certaines choses. Nous pouvons toujours lui dire les peurs et les interrogations qui nous tracassent. Quand tout va mal, nous pouvons toujours nous adresser à lui ; et si nous ne savons pas prier, nous pouvons toujours « crier » vers Lui. La liturgie de ce dimanche nous propose le psaume 129 : « Des profondeurs, je crie vers toi, Seigneur, Seigneur écoute mon appel ; que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière. »

 

L’évangile de ce dimanche ne nous présente pas ce geste de Jésus comme un miracle mais comme un signe. Au-delà du relèvement de Lazare, il nous parle de nous ; le message qu’il nous adresse est un message d’espérance. Rien ne pourra nous séparer de l’Amour de Dieu (Cf. Rm 8, 36-38). En lui, c’est le Dieu des vivants qui se révèle au monde.

Oui, comme à Marthe et à Marie, Jésus nous exhorte à placer toute notre confiance en Lui, à marcher dans sa Lumière et à réveiller la Vie en nous. « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. »  Ainsi, la foi en Jésus nous garantit la résurrection et la vie éternelle. « Crois-tu cela ? » nous demande Jésus.

En ce jour, il nous fait entendre son appel : « Lazare, viens dehors ! » Aujourd’hui, c’est aussi à chacun de nous qu’il s’adresse : « Viens dehors ! » Il nous appelle tous par notre prénom pour nous renouveler cet appel : « Viens dehors… » Je te libère de tes bandelettes… je te fais respirer un air nouveau… Ce n’est plus l’air des tombeaux et des cadavres, mais un air pur, celui où vivent les hommes. Il s’agit de sortir de nos tombeaux, de notre « confinement », pas de braver les recommandations de nos gouvernants et d’avoir des attitudes irresponsables de mettre notre vie et celle des autres en danger ;  mais et surtout de sortir de nos tombeaux de la peur, du « corona-phobie » qui nous paralyse et peut faire encore plus de dégât que le virus lui-même. Comme, hier soir, à Rome, devant cette image du Pape François seul en prière pour le monde face à la place Saint Pierre vide et comme son prédécesseur le Saint Pape Jean-Paul II, entendons-les nous dire : « N’ayez pas peur ! »

Cette promesse d’une vie nouvelle, ce n’est pas seulement pour après notre mort mais pour aujourd’hui. C’est à chacun de nous que Jésus s’adresse, en disant : « Enlève la pierre du découragement et de la tristesse, ne répète pas comme Marthe : Il sent déjà ! Ne reste pas dans cette odeur de mort ; ne rumine pas tes idées noires ! Je suis la Résurrection et la Vie. Sors du tombeau ! Je veux te faire partager ma vie. Je te veux vivant, debout, dès maintenant et pour les siècles des siècles. » Amen !

 

 

Père Claude MOUSSOLO

Curé de la paroisse Saint Hilaire en Bocage

Méditation sur la Parole de Dieu du 4ème dimanche du Carême

Chers frères et sœurs,

Les textes liturgiques de ce 4ème dimanche du Carême peuvent nous rejoindre et nous éclairer dans nos interrogations face à cette crise sanitaire sans précédent du COVID-19 à laquelle notre monde est confronté.

Ils posent une interrogation épineuse sur l’origine du mal ! … En effet, dans l’évangile, les disciples du Christ, qui raisonnaient à la manière du monde face à un aveugle de naissance, posent la question qui les préoccupe : Qui a péché ? Qui est responsable ? Pour eux, infirmité suppose culpabilité.

Ces questions peuvent rejoindre les nôtres : « D’où viennent les souffrances ? Pourquoi cette pandémie ou cette crise sanitaire mondiale ? Qui est responsable ? Est-ce une punition de Dieu pour nos péchés ?…

Le mal, toute sorte de souffrance ou cette pandémie est déconcertante pour tous, croyant ou non.  C’est une réalité qui nous bouscule tous dans nos certitudes sur notre mode de vie, sur notre modèle de développement à changer, sur nos replis identitaires à vaincre pour une véritable solidarité mondiale, sur notre monde… Bref !

Dans la Bible, cette question insoluble de l’injustice, de la souffrance et du mal, trouve son propos même dans le livre de Job. C’est un homme juste et pieux, et pourtant il est plongé dans l’adversité la plus complète. D’ailleurs les gens se moquaient de lui : où est-il ton Dieu. La seule réponse de Job face à l’adversité, est de garder sa foi inébranlable dans le Seigneur. Comme nous le chantons dans le psaume 22 proposé ce dimanche : « Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. (cf. Ps 22, 1). La clé est là !

Quand on est malade, il est terrible de s’entendre expliquer que c’est de sa faute et que l’on a bien cherché !… Cependant, il est toutefois vrai que certains types de comportement amènent des conséquences regrettables, mais ce n’est pas le cas de cet aveugle de l’Évangile, son infirmité ou invalidité est de naissance. Jésus refuse de s’engager dans ce genre de supputation. Et sa réponse ne se fait pas attendre, elle est claire et sans détour : « Ni lui, ni ses parents. »  « Ce n’est pas de sa faute ni celle de ses parents, qu’il est né aveugle. »

Aussi, dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus nous apporte une réponse : en guérissant cet homme aveugle-né, il nous dit que ces malheurs ne viennent pas de Dieu. Dieu est un Père qui aime chacun de ses enfants et son Amour pour nous est inconditionnel. Car, « Dieu fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait pleuvoir sur les justes et les injustes. » (Mt 5, 45) Il nous a envoyé son Fils Jésus pour « chercher et sauver ceux qui étaient perdus. » Car cet aveugle sur la route, c’est le symbole de toute l’humanité qui est plongée dans les ténèbres de l’ignorance religieuse et du péché. Jésus voit notre détresse. Il vient sans cesse nous apporter, si nous le voulons : la guérison, la vraie libération et la lumière de la foi.

Déjà dans la première lecture, à travers le grand prophète Samuel (1 S, 16, 7), Dieu nous invitait à la conversion du regard, de notre regard sur le monde, sur l’humanité, sur ceux et celle qui nous entourent. Souvent nous sommes habitués à ne percevoir que l’apparence, l’extérieur des choses, l’aspect le plus superficiel. La Parole de Dieu nous ouvre la vue sur une dimension qui nous dépasse. Jésus nous invite à voir le monde autrement sur la lumière de l’Évangile.

Beaucoup encore aujourd’hui, comme les pharisiens de l’Évangile, sont aveuglés par leurs certitudes, leur orgueil. Beaucoup se détournent du vrai Dieu pour s’attacher à l’argent, aux profits, aux richesses et aux petits bonheurs qui ne peuvent vraiment les combler ; c’est de cet aveuglement que Jésus veut nous guérir. Et il le fait d’une manière progressive.

La foi nous apporte une nouvelle façon de voir le monde et la vie sous la lumière de l’Évangile. Quand un douloureux événement survient avec son lot de souffrances inévitables, s’il est bien accepté et sublimé, l’épreuve peut devenir salutaire. Cette perception nous procure la sérénité dans l’âme. C’est ainsi que l’aveugle guéri, nous a appelés à dire : « Je crois Seigneur ! » Comme lui, nous pourrons alors proclamer : « Il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et maintenant je vois. »

Saint Paul dans la deuxième lecture nous exhorte par notre baptême à rester dans ce chemin de lumière : « Autrefois vous étiez ténèbres, maintenant dans le Seigneur, nous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière, or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité… » (Ep. 5, 8)

L’aveugle guéri par Jésus est devenu, par la suite, un témoin de la foi en racontant à tous ce qui lui est arrivé. Nous aussi nous devons être, dans ce moment d’épreuve et sombre de notre histoire, des témoins de la foi, de l’Espérance et de cette Lumière venue dans notre monde pour nous illuminer.

Vivre le carême, c’est savoir accueillir cette lumière qui vient de Jésus. Cette lumière c’est celle de la foi. Elle nous aide à voir les personnes et les évènements avec le regard de Dieu. Alors tous ensemble au nom de la foi de notre baptême, soyons au milieu de ces épreuves, les témoins et les reflets de cette lumière de Dieu que nous avons accueilli Jésus-Christ. Soyons prêt à rendre compte de notre foi et de notre espérance.

En union de prière dans la foi et l’espérance !

Père Claude MOUSSOLO

Curé de la Paroisse Saint Hilaire en Bocage