Le jubilé du Père Guy Ioux

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Par Claude V. – correspondant paroisse Saint Jean-Paul II en Bocage –

Texte repris du journal missionnaire « Saint Hilaire en chemin », article de Christian Desbois.

« J’ai été profondément heureux.. ». À près de 80 ans, le Père Guy Ioux évoque avec passion ses années de prêtre missionnaire, passées en Afrique et en Asie. Dans sa jolie maison restaurée à la Cossardière du Pin, dans la ferme familiale, ce prêtre ne se nourrit ni de nostalgie, ni de regrets.

Souriant et volubile, il est intarissable dès lors qu’on parle de sa mission en Côte d’Ivoire, en Inde ou en France parmi les étudiants étrangers. Et son jubilé sacerdotal – 50 ans de ministère – célébré en juillet dernier à Mauléon fut  à l’image de son parcours, avec la présence d’amis venus de plusieurs continents.

Grace à l’autostop

« J’ai toujours eu le souhait de devenir missionnaire », rappelle-t-il. Une rencontre en autostop va ranimer cette flamme : « j’ai été pris par un prêtre d’une congrégation missionnaire qui avait vécu en Afrique. Il m’a donné quelques livres de contes  qu’il avait lui-même écrits… » Et c’est ainsi que Guy est entré en contact avec les Missions Africaines de Lyon.

À l’issue de ce grand séminaire, alors que ses promotionnaires s’envolent déjà pour l’Afrique, ses supérieurs lui demandent d’approfondir sa formation catéchétique et théologique à la Catho de Lyon. Au lieu de rester dans une communauté étudiante, il préfère rejoindre une paroisse ouvrière de la banlieue Lyonnaise et se  retrouve vicaire-étudiant.

L’envoi en Afrique intervient en août 1970. Guy est mis à la disposition de diocèse de Daloa en Côte d’Ivoire et d’un  des derniers évêques blancs. Il s’initie peu à peu aux coutumes, à la langue locale et aux réalités sociales. Nommé dans une mission de brousse, « zone de première évangélisation », où il n’y a encore  aucune communauté chrétienne, il s’interroge vite sur la mission : « quand je pense évangélisation, je ne pense pas à l’Église institutionnelle ; je pense seulement à la transmission du message évangélique capable de donner une force intérieurs et d’aider à vivre plus heureux ».

Ma raison d’être

Ici Guy Ioux se mêle aux agriculteurs : « ce sont eux qui m’ont fait aimer la terre ». il va même jusqu’à vivre quelques mois dans un tout petit village, après y avoir construit sa maison avec les villageois selon la tradition locale. À son retour à la mission centrale, il se met ne lien  avec le ministère de l’Agriculture, crée une plantation modèle, aide des jeunes scolarisés, de retour au village, à s’installer et à devenir des leaders : « cette part de ma mission fut ma raison d’être ». En même temps, le  prêtre s’implique auprès des enseignants et des milliers d’enfants présents dans les écoles et met en place un catéchuménat.

Après 12 ans en Côte d’Ivoire, Guy est rappelé en France au diocèse de Nantes, dans une équipe d’animation missionnaire. Il vit d’abord dans un HLM d’un quartier périphérique comptant 17% de migrants. Mais quelques mois plus tard, on lui demande de s’occuper plutôt des étudiants africains venant poursuivre leurs études. Il s’installe alors sur un lieu plus approprié près des facs et des cités universitaires pour remplir cette mission d’accueil. Il devient vite le référent de ces jeunes, venant d’autres continents, en particulier asiatique ou latino-américains : « Je recevais le monde chez moi. C’est une expérience inoubliable ». Guy noue ainsi de forts liens avec ses amis et les invite à participer avec lui, comme témoins, lors d’animations missionnaires dans les paroisses nantaises ou dans les groupes CCFD.

Homme de communion

En septembre 1986, il retourne en Afrique, à Daloa. On lui confie une grande paroisse populaire de la 3ème ville de Côte d’Ivoire, avec une cinquantaine de communautés villageoises. Il s’investit surtout dans la fondation et l’animation de 17 communautés de quartiers, où il s’efforcera d’être « l’homme de la communion, avec le souci de faire participer et responsabiliser Ce furent les plus riches années que j’ai passées ». Chaque année, une rencontre ouverte à tous déterminait le projet pastoral pour permettre aux acteurs de la mission de grandir ensemble dans leur vie chrétienne. Guy se souvient qu’au terme d’une de ces années à la « construction de familles chrétiennes africaines », il a célébré exceptionnellement 17 mariages religieux, alors qu’il n’en avait pas célébré autant en 25 ans.

En zone rebelle

De 1995 à 2001, lors de séjours successifs de six mois en Inde, il prépare des jeunes indiens à la Mission en Afrique. Car « toute ma vie est orientée vers ce continent », dit-il. C’est si vrai qu’en 2001, il retourne une dernière fois en Côte d’Ivoire, dans le nord à Touba, en région musulmane. Le pays est alors traversé par de grands troubles politiques, et une rébellion envahit une bonne partie de la région. En 2002, Guy se retrouve en zone rebelle et décide d’y rester, malgré les risques encourus, aux côtés des quelques chrétiens qui n’ont pas réussi à passer en zone loyaliste. « On a volé ma voiture pour mettre une mitrailleuse dessus… ». S’il a pu être menacé, il a toujours eu confiance.

En 2004, pour des raisons de santé, le Père Guy rentre en France définitivement. Attiré par le projet pastoral de Mgr Rouet, il demande à se mettre au service de son diocèse d’origine. Il prend ainsi la responsabilité du Mauléonais en 2007, où il a été « très heureux ». Et depuis le 1er septembre dernier, il est prêtre auxiliaire de la paroisse Saint-Hilaire en Bocage. « Même si elle ne lui manque pas », Guy garde l’Afrique dans son cœur.

Biographie : le Père Guy Ioux

1940 : naît au Pin dans une famille de 12 enfants1951-1959 : séminaire de Chatillon-sur-Sèvre, Bressuire et
Montmorillon. Souhaite devenir missionnaire. En 1957,
rejoint le séminaire des Missions Africaines à Nantes1959-1962 : stage d’un an comme maître d’internat à
Saint-Hilaire de Niort ; et 2 ans de service militaire en Algérie.1962-1970 : premier cycle du grand séminaire des Missions
africaines à Clermond-Ferrand (2ans), année spirituelle en
Belgique, formation théologique au grand séminaire des
Missions africaines à Lyon (3ans), licence de catéchèse et
de théologie à la Catho de Lyon.

1969 : ordination au Pin le 24 juillet, puis en août, aumônier
d’hôpital et veilleur de nuit dans une station-service en
banlieue lyonnaise.

23 août 1970, départ du Pin pour l’Afrique, affecté au diocèse
de Daloa (Côte d’Ivoire) dans une mission de brousse en zone
forestière, auprès de planteurs de café et de cacao.

1982 : intègre une équipe d’animation missionnaire à Nantes
en mission d’accueil auprès des étudiants étrangers et au
service des migrants.

Fin 1985 – début 1986, vit un mois au Pérou ; puis séjourne
un mois en Corée du sud.Septembre 1986 : retour en Côte d’Ivoire à Daloa, avec mise
en place de communautés de quartiers, sa pastorale ayant
pour maîtres-mots « communion et participation ».1995-2001 : départ pour l’Inde, dans une fondation pour
préparer les jeunes à la Mission. Après six mois, rejoint les
Philippines (Manille), retour en Inde, puis haltes en Angleterre
et en Irlande pour perfectionner l’Anglais.2001-2004 : retrouve la Côte d’Ivoire. Responsable de la
mission de Touba, près de la Guinée.2004 : rentre en France, puis intègre en 2005 les secteurs
de Mauléon et de Nueil les Aubiers

2007-2009 : responsable du Bocage mauléonais, puis
coopérateur et auxiliaire de la paroisse Saint Jean-Paul II
en Bocage.

Septembre 2019 : prêtre auxiliaire à la paroisse
Saint-Hilaire en Bocage.

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